Depuis bientôt un mois, l'Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) est sous la menace d'une grève. La décision est finalement prise : les contrôleurs aériens de cet organisme public international envisagent de faire grève à partir de ce vendredi 23 septembre jusqu'au dimanche 25 septembre, selon un communiqué publié ce mercredi 21 septembre 2022. Par conséquent, la circulation aérienne subira des perturbations ce week-end.
Revendications
Mécontents de leur situation, les contrôleurs aériens émettent huit revendications : le reclassement catégoriel en G1 de tous les contrôleurs aériens ; l'indexation et la revalorisation de la prime de licence ; la non forfaitisation des heures supplémentaires ; la réforme du plan de carrière des contrôleurs aériens de l’ ASECNA; la revalorisation des heures de nuit ; la prime de licence pour les contrôleurs en formation ; la refonte de l'annexe liée au dialogue social et la résorption du sous-effectif dans les centres ATS. Toujours selon le collectif des contrôleurs aériens en Afrique et Madagascar, la Direction Générale refuse un dialogue direct et franc. Elle leur oppose, au contraire, une non-conciliation, un sabotage insidieux, des menaces verbales, des attaques administratives et judiciaires ainsi que des pressions politiques. Les employés vivent dans un environnement de travail anxiogène et asphyxiant. Les conditions de travail se dégradent, précisent-ils dans leur communiqué. Malgré tout cela, leurs revendications sont perçues par leur hiérarchie comme une attaque.
Crédit photo: ASECNA
Dictature minoritaire
Dans un message rendu public le 20 septembre dernier, le directeur général de l'ASECNA, Mohamed Moussa, promet de faire face à cette attaque. Dans son communiqué, le directeur général dénonce le USYCAA d'organisation illégale soutenue par des lobbies internationaux et par une organisation concurrente. "L'USYCAA a beaucoup de ressources (...) L'ASECNA n'a jamais été aussi négativement médiatisée en plus de 60 ans d'existence", s'insurge-t-il. Mohamed Moussa rappelle la mission principale de l'ASECNA qui est d'assurer la sécurité de la navigation aérienne. "Cette mission régalienne ne saurait être interrompue au risque de mettre en danger la vie de nombreuses personnes et mettre en cause la souveraineté des États membres. L'ASECNA va recourir à la loi et aux autorités des États membres", prévient-il. Le directeur général ne compte pas céder "à la dictature d'une minorité agissante et sournoise". Il explique, dans son message, que ces revendications "ont déjà fait l'objet d'un accord au niveau communautaire, dans le cadre de la réunion de concertation de l'Organe Communautaire de Concertation et de Négociation (OCCN)".
Le nigérien Mohamed Moussa est Directeur général de l'ASECNA depuis janvier 2017 (photo: ASECNA)
Service minimum
Le communiqué de préavis de grève précise que la réception des vols des Chefs d'État et de gouvernement, les vols militaires, les vols effectuant des évacuations sanitaires, les vols purement humanitaires, les vols participants à des opérations de recherche et sauvetage sont assurés en service minimum sur la réquisition de l'État. Notons que cette menace de grève ne concerne pas uniquement Madagascar, mais également 11 pays sur les 18 États membres de l' ASECNA. En tout cas, ce préavis entrera en exécution à compter du vendredi 23 septembre 2022 à partir de 8 h 00 TU jusqu’au dimanche 25 septembre 2022 à 7 h 59 TU. La grève se poursuivra, par la suite, dans une durée indéterminée, jusqu’à satisfaction totale de toutes ses revendications.
Aéroport international d'Ivato Madagascar (photo: Ravinala Airports)
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