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Le sel de terre du sol salin de Tameantsoa

Photo du rédacteur: Ravaka RakotomalalaRavaka Rakotomalala

Sous le soleil brûlant d’Androvakely, Esoa s’active près de son fourneau de fortune, érigé en plein air. Entouré de quelques petites montagnes de terre, le père de famille est en train de fabriquer du sel, appelé en malgache « siratany », « sel de terre ». L’œil peu habitué ne saura pas distinguer ce sol riche en sel d’un ordinaire sol poussiéreux, mais la famille d’Esoa, du plus loin qu’il s’en souvienne, a toujours travaillé cette terre pour en créer du sel réputé bon pour la santé.



Esoa, en train de recueillir la terre saline



Processus laborieux

Androvakely est une petite localité de la commune rurale de Tameantsoa, dans le district de Betioky Sud, région Atsimo Andrefana de Madagascar. La mer la plus proche du village se trouve à près de 100 km, et pourtant, on y fabrique du sel. Comment ? Batira, chef du Croix-Rouge de la commune de Tongobory, commune voisine de Tameantsoa, nous explique le processus, avec l’aide d’Esoa, celui qui a fait de la fabrication de « siratany », son métier.


« Tout d’abord, on gratte la terre, oui, la terre qui se trouve sous nos pieds. Ensuite, on la nettoie dans un tamis. Pour ce faire, on mélange dans le tamis du sable avec la terre amassée. Après quoi, on verse de l’eau. De ce mélange tamisé, l’on obtient de l’eau claire est salé. Cette eau sera versée dans le fourneau et sera chauffée à une température avoisinant les 90°, du matin jusqu’au soir. Peu à peu, l’eau s’évapore et laisse la place à du sel. On laisse le reste de l’eau s’écouler à même le sol ou s’évaporer au soleil. Le sel complètement sec sera vendu au marché, tandis que la terre qui a recueilli le reste d’eau salé suivra le même processus le lendemain ou le surlendemain… »



Esoa, expliquant comment l’eau salée se transforme-t-elle en sel de terre


Sol précieux

Jusqu’ici, seules 3 localités du district de Betioky possèdent ce sol riche en sel, explique Batira, en l’occurrence, Androvakely, Ranomay et Satrampotsy. Il affirme également que ce sol ne risquera pas d’être épuisé, étant donné que cette salinité fait naturellement la particularité de ce sol.

Le responsable du Croix-Rouge vante les vertus de ce « siratany », en certifiant que ce type de sel, que l’on a bouilli, est plus sain et préserve la santé, comparé aux sels marins habituels. Le « siratany » est particulièrement recommandé aux hypertendus, mais également aux hypotendus, assure-t-il.



Le tamis qui sert à séparer la terre et le sel


Peu connu

Esoa produit environ 100 kapoaka (unité de mesure équivalente à 300 ml) de sel de terre par jour. Malheureusement, le sel de terre d’Androvakely n’est pas très connu et ne trouve que très peu de preneurs. Les commerçants du marché de Tongobory achètent un kapoaka de « siratany » à 150 Ariary auprès d’Esoa et revend à 300 Ariary.

Il arrive aussi que le processus n’aboutisse pas, car le taux de salinité de la terre recueillie n’est pas suffisant. Cependant, un autre fabriquant de sel de terre de Ranomay explique cet échec par une croyance locale. Il paraît que la dispute conjugale est le « fady », tabou, du « siratany ». Ainsi, si un homme veut obtenir du bon sel le lendemain, il doit absolument éviter tout accrochage avec son épouse.



Malgré tous les aléas de son métier, Esoa continue de fabriquer le sel de terre, sous le soleil tapant d’Androvakely, car même au début de l’hiver, le soleil du sud de l’Île est brûlant. C’est avec ce précieux sel, héritage de ses ancêtres, qu’Esoa fait vivre sa famille au jour le jour.

1 Comment


Foxytoon Fr.
Foxytoon Fr.
Jun 12, 2022

Magnifique M. Esoa, votre travail si obstiné... Un préchauffage de l'eau dans un système solaire basique vous économiserait bien du bois, et ce serait tant mieux pour la brousse... Quelle ONG peut s'en charger?

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