Les femmes sont indéniablement des acteurs clé du développement. Au sein de la société, elles sont sur tous les fronts et n’hésitent pas à prendre part au développement de la communauté. Pour ce qui est de la lutte contre la malnutrition, les femmes sont les plus actives. En effet, ce sont les premières concernées, étant donné que traditionnellement, ce sont les femmes qui assurent le rôle de la cheffe cuisinière de la famille. Certaines d’entre elles ne se contentent pas seulement de veiller à ce que leur famille se nourrisse convenablement. Elles œuvrent également dans des associations ou se portent volontaire pour la fonction d’agent communautaire.
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Jacqueline Razafimananjara, la vaillante agente communautaire de Fiaferana
Agent communautaire formé
Jacqueline Razafimananjara est un agent communautaire (AC) de la commune rurale de Fiaferana, dans le district d’Avaradrano, région Analamanga. Elle consacre ses mardis et ses mercredis, au bien-être des mères et des enfants du Fokontany. Responsable d’un site communautaire construit dans le cadre du projet intégré de lutte contre la malnutrition « Tambatra », elle prend en charge, tous les mois, environ 80 enfants de 0 à 59 mois. Une partie de son travail consiste en la pesée et la mesure des enfants, dans le but de détecter un signe éventuel de malnutrition. Si elle dépistait un cas de malnutrition aiguë modérée (MAM), elle saurait déjà ce qu’il faut faire. En effet, les agents communautaires ont été formés par les ONG responsables de la mise en œuvre du programme, en l’occurrence, l’Action Contre la Faim et le GRET, toujours dans le cadre du projet Tambatra. Ainsi, « les AC donnent aux enfants atteints de malnutrition leur dose de complément alimentaire sous forme de farine verte. Ils suivent également de près l’évolution de leur état de santé », explique Solofoniaina Andry Fenosoa , socio-organisateur de l’ONG GRET.
Si jamais, l’état de santé de l’enfant s’aggrave, ou si au cours des jours d’ouverture du site communautaire, Jacqueline Razafimananjara vient à soupçonner un cas de malnutrition aiguë sévère (MAS), l’enfant sera référé au centre de santé de base de Fiaferana où un CRENAS (Centre de Récupération et d’Éducation Nutritionnelle Ambulatoire pour la malnutrition Aiguë Sévère sans complication) a vu le jour au mois d’avril de l’année dernière. Depuis sa création, le CRENAS a pris en charge 8 enfants atteints de MAS, rapporte le Dr Sandra Rarivoson. Les 7 ont tous recouvré la santé tandis que le dernier dépisté est sur la voie de la guérison, affirme-t-elle.
Dans le cas où la MAS se compliquerait, l’enfant atteint de malnutrition sera évacué au CRENI (Centre de Récupération Nutritionnelle Intensif) du Centre Hospitalier de Référence du District (CHRD) d’Anosiavaratra, a fait remarquer Gisèle Rafanjaharinivo, responsable nutrition du Service de District de la Santé Publique d’Avaradrano.
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Prise en charge d’un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère au CRENAS du CSB II Fiaferana
Des concours et des visites à domicile
La prévention de la malnutrition prend également une grande place dans la fonction d’agent communautaire exercée par Jacqueline Razafimananjara. Comme les autres AC de la commune rurale de Fiaferana, elle réunit régulièrement les mères de famille, dans un objectif de sensibilisation et d’information pour une alimentation saine. De temps à autre, elles visionnent des films documentaires montrant des bonnes pratiques alimentaires ou expliquant des recettes. Et de mesurer les impacts de ces réunions, des concours de cuisine sont organisées. Baptisés « Tsikonona », appellation malgache de la dînette, ces concours démontrent à quel point les femmes sont sensibles à la bonne alimentation de leurs enfants. D’ailleurs, il n’est pas obligé de chercher bien loin pour gagner, car les produits locaux sont privilégiés.
Jacqueline Razafimananjara ne se contente pas de recevoir les mamans au sein du site communautaire, elle effectue également des visites à domicile, afin de constater de visu ce qui se passe au niveau des foyers, notamment quand une famille vient d’accueillir un nouveau-né, ou quand un enfant est tombé malade… Après ses nombreuses descentes, la vaillante agente communautaire peut affirmer qu’actuellement, la population de Fiaferana s’alimente mieux. Et depuis l’existence du petit, mais coquet site communautaire, les mamans emmènent plus volontiers leurs petits se faire peser et mesurer.
À noter que les 16 Fokontany de Fiaferana et Manandriana, où se déploient le projet Tambatra, sont doté chacun d’un site communautaire. Chaque Fokontany dispose de deux AC comme Jacqueline Razafimananjara. Le taux de fréquentation de ces centres est allé de 60 % à 90 %, certifie Solofoniaina Andry Fenosoa, depuis le début du projet en 2019.
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Fanja, une des « mère leader » du Care Group
Une maman leader
Fanja est une autre femme vaillante de la commune de Fiaferana, impliquée dans la lutte contre la malnutrition. Si Jacqueline Razafimananjara a choisi de devenir agent communautaire, Fanja a opté pour le Care Group. Cette association vise, globalement, le changement de comportement de la population, face à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Fanja est ce que l’on appelle dans l’association, une « Mère Leader ». Elle œuvre bénévolement pour une quinzaine de foyers, dans la perspective d’atteindre ce changement de comportement. « J’étais décidée d’intégrer le Care Group en constatant le nombre d’enfants de notre Fokontany qui défèquent à l’air libre. Ils polluent nos sources d’eau avec cette pratique. Après nos sensibilisations, nombreuses sont les familles qui ont enfin construit leur WC. Nous ne buvons plus de l’eau contaminée par la défécation », témoigne-t-elle.
Ce témoignage est confirmé par Nambinina Ramarokoto, qui joue le rôle de promoteur au sein de Care Group. Elle a aussi illustré le changement de comportement constaté, par le cas d’un Fokontany dénommé Ambongamarina. Après maintes sensibilisations, la population de la localité s'est cotisée et a construit un WC avec l’argent récolté. En effet, il a été remarqué que la pratique de la défécation à l’air libre n’est pas seulement issue d’une mauvaise volonté. Il y a aussi question d’argent et de moyen, qui a pu être solutionné pour le Fokontany d’Ambongamarina.
À rappeler que le manque d’hygiène est source de maladie comme la diarrhée. En perdant une grande quantité d’eau, à cause de la maladie, en étant aussi trop faible pour s’alimenter, l’enfant peut être atteint de malnutrition aigüe sévère en très peu de temps. Mais la commune rurale de Fiaferana est sur la bonne voie. Depuis la mise en œuvre du projet Tambatra, 80 % des foyers possèdent actuellement un WC, si la statistique affichait un taux de 60 % auparavant, rapporte Faly Andrianiaina, adjoint au maire de Fiaferana. La commune progresse en matière de lutte contre la malnutrition, en grande partie grâce aux contributions des femmes, des mères, qui ont décidé de prendre en main la santé de leurs enfants et de leur communauté.
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