La verdure de la région Atsimo Atsinanana ainsi que ses dizaines de rivières laisseraient croire que le Sud-est de Madagascar ne connaît ni la faim, ni le soif. Malheureusement, le « sakave », comme les natifs désignent la période de soudure, dure maintenant toute l’année, même au mois d’août et septembre, alors que cette période de famine annuelle ne devrait avoir lieu qu’aux alentours du mois de janvier. Les effets du changement climatique se fait de plus en plus ressentir. Le taux de malnutrition augmente.
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Le village de Mahafasa Centre
La région Atsimo Atsinana est classée en phase 2, c’est-à-dire en stress, en ce qui concerne la malnutrition, selon les statistiques du mois de juillet 2022, révélés par la direction régionale de la santé publique, avec un taux de malnutrition aiguë de 6,52%. Farafangana et Befotaka sont les districts les plus mal lotis de la région, car leur taux de malnutrition aiguë globale est respectivement de 11,6% et de 10,10%. Pourtant, ce taux ne devrait pas dépasser les 5%. Ainsi, Farafangana et Befotaka sont classés dans la phase 3 ou en crise.
Sècheresse et cyclones
La région a été dévastée par deux cyclones au début de l’année 2022. Batsiraï et Emnati ont détruit le peu de récolte qui ont poussé dans les districts de Farafangana, de Vangaindrano ou encore de Vondrozo. Avant le passage des cyclones, le Sud-est de Madagascar a également connu des années de sècheresse. « Il ne pleuvait plus depuis 2 ans, les récoltes ont beaucoup diminués, raconte Judith Adèle Randrianirina, président de la délégation spéciale (PDS) de la commune rurale de Mahafasa Centre, district de Farafangana. S’ensuivent les deux cyclones qui ont tout détruit. Et pourtant, auparavant nous arrivions à produire du riz deux fois dans l’année ». La situation est la même dans la commune d’Evato. La localité exporte ses riz et ses bananes à Farafangana, chef-lieu de la région, mais depuis le passage des cyclones, c’est devenu impossible, affirme Tata Arson, maire de la commune : « C’est à peine si les gens d’ici mangent du riz une fois par jour, à midi. La farine de manioc est devenue l’aliment de base de la population, avec la patate douce ».
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V
Insécurité alimentaire sans précédent
Les personnels de la santé ont constaté la hausse du taux de malnutrition dans le Sud-est de la Grande Île depuis le début de l’année. Lors du voyage de presse effectué par le réseau des Champions pour la Nutrition Madagascar (CHANUT MADA), dans le cadre du projet ProSAR, mis en œuvre par l’ONG ASOS Madagascar et financé par le GIZ, les professionnels de la santé sont unanimes : l’Atsimo Atsinanana est en proie à l’insécurité alimentaire sans précédent. A titre d’exemple, le Centre de Santé de Base de niveau II (CSB II) d’Evato prend en charge une cinquantaine d’enfants tous les mercredis. « 95% d’entre eux sont malnutris », déplore Zafisoa Florence, sage femme bénévole de ce CSB II. Dans la commune rurale d’Anilobe, district de Vangaindrano, Nomenjanahary Esther, agent communautaire trouve parfois jusqu’à 15 enfants malnutris sur une centaine d’enfants qu’elle prend en charge mensuellement.
Budget lourd
La population ne pourra pas faire face toute seule à cette situation de crise alimentaire. « Pour que le Sud-est, Vatovavy, Fitovinany et le Grand Sud de Madagascar puisse revenir à un état zéro de malnutrition, nous aurions besoin d’un budget de 18 millions de dollar », lance Hanitriniaina Olivier Marcel, coordonnateur de l’Office National de la Nutrition d’Atsimo Atsinanana. Pour le moment, nous n’avons dans la caisse que la somme de 4 millions de dollar. Quelques partenaires techniques et financiers apportent déjà leur contribution pour abaisser le taux de malnutrition dans le Sud-est. Le Projet de Sécurité Alimentaire, Nutrition et Renforcement de la Résilience à Madagascar (ProSAR) est mis en œuvre dans 24 communes d’Atsimo Atsinanana, dans les districts de Farafangana, Vangaindrano et Vondrozo. Un budget total de 10.220.000 euro est alloué à ce projet.
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