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Planification familiale à Madagascar : Les rumeurs et la tradition pèsent lourd

À Madagascar, nombreuses encore sont les femmes qui mettent au monde leur premier enfant très jeune. En effet, selon les enquêtes MICS 2018, 40 % des jeunes de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde. En revanche, les méthodes de limitation ou d'espacement de naissance ne sont pas encore assez démocratisées. Le taux d'utilisation des contraceptifs est de 43 % pour les femmes en général, tandis qu'il avoisine les 30 % chez les adolescents.


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Pose d'implant dans un CSB - Photo : Rindra R.


En cachette

L'intérêt des femmes malgaches pour les méthodes contraceptives est pourtant palpable. "Le nombre de femmes qui consultent pour du planning familial augmente depuis deux ans", a témoigné Bakolinirina Lovasoa Olga, sage-femme, cheffe du centre de santé de base niveau II (CSB II) de la commune de Mahavelo, district de Farafangana, dans la région Atsimo Atsinanana, où le nombre de femmes grandes multipares ne se comptent plus. Certaines femmes peuvent avoir plus de dix enfants ! Malheureusement, nombreux sont encore les hommes qui empêchent leurs épouses d'utiliser les méthodes modernes de contraception, car, comme dit le dicton : les enfants sont des richesses. Les femmes qui consultent pour du planning familial viennent, donc, en cachette au centre de santé.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, même dans les grandes villes, les femmes rencontrent le même problème. "Les hommes craignent que leurs femmes deviennent infidèles si elles utilisent des contraceptifs, explique le médecin responsable d'un CSB II très fréquenté d'Antananarivo. Certaines femmes nous laissent leur carnet de suivi, de peur que leur conjoint le découvre et le déchire". Ce CSB II effectue, en moyenne, 100 accouchements mensuels. Parmi les parturientes, 30 à 45 ont moins de 24 ans. Environ 5 à 6 sont des mineurs de moins de 18 ans. "Même si les médias sensibilisent déjà beaucoup sur l'utilisation du planning familial pour éviter les grossesses précoces, il me semble que le message ne passe pas encore très bien", a déploré le docteur.

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On peut parler de planning familial, même lors des consultations en prénatales. Photo : Rindra R.


Sensibilisation

Les sages-femmes du CSB II prennent aussi leur part dans la sensibilisation des femmes, sur les avantages de l'utilisation des méthodes contraceptives. " Nous leur parlons déjà de planning familial pendant leur consultation prénatale. Nous encourageons les femmes à opter pour une contraception, six semaines après leur accouchement, car les contraceptifs post-partums existent", explique le docteur. Dans ce CSB II, la contraception injectable est la plus plébiscitée. Renouvelée tous les trois mois, elle est moins contraignante et évite les éventuels oublis. Son utilisation est également pus facile à cacher aux partenaires jaloux. En revanche, le dispositif intra-utérin (DIU) est le moins choisi. Le CSB reçoit 550 utilisateurs réguliers de planning familial par mois.

À noter que dans les grandes villes, le taux de fécondité des femmes est plus bas, à raison de trois ou 4 enfants par femme. Dans les zones les plus reculées, une femme met au monde, en moyenne, 5 enfants. Le médecin-chef du CSB II a tenu à rappeler que prendre des décisions concernant sa santé sexuelle est un droit fondamental. Ainsi, il devient urgent de lutter contre le poids des rumeurs à propos du planning familial qui pèsent encore trop lourd dans la société malgache.

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