top of page

Travailleurs sociaux, ces héros discrets

Photo du rédacteur: Ravaka RakotomalalaRavaka Rakotomalala

On parle souvent des budgets alloués à un tel ou tel projet. On fait témoigner les bénéficiaires des diverses actions humanitaires, on explique leur vécu. Mais on raconte moins souvent le quotidien des médecins, des infirmiers, des psychologues, de ces travailleurs sociaux qui œuvrent au plus près des nécessiteux. Animés par la passion ou poussé par la vocation, ils passent parfois par des journées éprouvantes, et peuvent être en proie à une trop grande charge mentale. Cependant, leur travail impacte très nettement la vie sociale de nombreuses familles. Seheno et Rodolphe font partie de ces héros de l'ombre qui luttent chaque jour pour le bien-être de leurs semblables.



Tous les jours, Seheno Rakotomamonjy et Feno Rodolphe sont au chevet des personnes qui ont des problèmes d'ordre social, notamment des mères de famille enceintes, allaitantes ou encore ayant des enfants de moins de 5 ans. Issues essentiellement des quartiers défavorisés d'Antananarivo, la plupart de ces femmes vivent dans la précarité, peuvent subir de violences conjugales ou souffrent de malnutrition, tout comme leurs enfants, d'ailleurs. Travailleurs psycho-social de l'ONG Action Contre la Faim (ACF), Seheno et Rodolphe ont pour responsabilité d'accompagner ces femmes dans la perspective de retrouver leur bien-être social.


Écoute active

Leur tâche n'est pas des plus simple. Elle se repose sur la pratique de l'écoute active, car bien évidemment, pour connaître ce qui pourrait perturber la sérénité de ces mamans, ces dernières doivent forcément raconter leur vie, exprimer leurs émotions. "Les personnes que nous accompagnons ne sont pas atteintes de maladie mentale, mais présente certain mal-être. Elles sont souvent en proie à de la fatigue mentale, subissent toutes sortes de violences et n'ont plus assez de force pour affronter les difficultés qui se présentent au quotidien. À cause de cela, elles n'arrivent plus à allaiter correctement ou à préparer des repas sains pour leurs enfants. Si tel était le cas, ces derniers risqueraient la malnutrition. Notre rôle est d'empêcher que cela arrive. En leur écoutant parler de leurs problèmes, nous les amenons petit à petit à trouver les solutions par eux-mêmes. Sinon, nous les référons auprès des collaborateurs plus à même de les aider, tels les CSBs si elles ont besoin de soins médicaux", explique Seheno Rakotomamonjy.


Seheno Rakotomamonjy, travailleur psycho-social


Charge émotionnelle

Ainsi, avoir le sens de l'écoute est essentiel, si l'on veut embrasser la carrière de travailleur social. D'autant plus que de temps à autre, on peut rencontrer des cas très bouleversants. "Dans le Sud de Madagascar, j'ai déjà été en face d'enfant atteinte de malnutrition aiguë sévère avec des complications. Et c'est vrai que dans de telles situations, la charge émotionnelle pourrait être lourde. Nous sommes des professionnels, mais nous sommes aussi humains", constate Feno Rodolphe. Cela dit, les travailleurs psycho-social ont été formés pour faire face à des situations émotionnellement complexes. "Notre devoir est de rassurer les donneurs de soin. Nous devons aussi déployer toute l'empathie dont nous sommes capables pour que nous puissions comprendre les émotions des personnes que nous accompagnons", relativise-t-il. "C'était quand même plus dur au tout début. Mais avec l'habitude, ça va mieux, renchérit Seheno. D'ailleurs, notre métier est une vocation. Nous avons le devoir de donner de l'espoir aux personnes que nous accompagnons. Car si nous sommes toujours là, si l'ONG continue d'œuvrer pour eux, c'est que les solutions à leurs problèmes existent".


Et pour pouvoir continuer, nos travailleurs sociaux ont recours à quelques astuces. "Nous faisons faire des exercices de respiration et de visualisation aux personnes que nous accompagnons, afin de les aider à bien gérer le stress. Mais nous faisons aussi, nous-même ces exercices pour nous calmer et nous détendre. Il y va de la qualité de nos services", révèle Feno Rodolphe. "Parfois, nous avons besoin de nous isoler un peu pour nous ressourcer, prendre un peu de recul pour puiser de l'énergie, confie Seheno. En outre, l'ONG met à notre disposition un psychologue. Leur consulter de temps en temps peut faire du bien. Et de temps à autre, entre collègues, nous organisons des activités déstressantes. On ne peut pas prendre soin des autres si on n'est pas bien soi-même", dit-elle avec philosophie.


Feno Rodolphe, travailleur psycho-social


Les qualités à avoir

Le 22 et 23 juillet 2022, la Plateforme des ONG Internationales (PINGOS) a organisé un salon intitulé "journée des métiers de l'humanitaire et du développement". Cette deuxième édition s'est tenue au Parvis Analakely. Ces deux jours d'exposition, d'ateliers d'orientation et de renforcement de l'accès à l'emploi ont suscité l'engouement des jeunes. Ces derniers y ont trouvé l'occasion de mieux connaître les différents secteurs d'activités des ONGs participants. Ils ont aussi reçu des conseils à propos de la rédaction de curriculum vitae et de lettre de motivation. Cependant, n'est pas travailleur dans le secteur humanitaire qui veut. "Une des premières qualités que devraient avoir ceux qui désirent travailler dans l'humanitaire est la compétence en relations humaines, affirme Stella Raonimanga, responsable de département des ressources humaines au sein de l'ACF. En effet, toutes les actions effectuées dans le secteur humanitaire et de développement se tournent vers les bénéficiaires. Cela requiert de la qualité relationnelle".



Stella Raonimanga, responsable de département des ressources humaines de l'ACF


Seheno Rakotomamonjy pense, quant à elle, qu'il faut avant tout être passionné par le métier. Il est impératif d'être altruiste, car il s'agit d'aider les autres. Un tempérament positif est aussi essentiel, étant donné que les actions des travailleurs humanitaires visent le changement et l'amélioration. Côté pratique, ce métier n'est pas fait pour les personnes qui risquent d'être facilement rebutées par les conditions des milieux défavorisés. Et enfin, il faut garder, au maximum, une santé de fer. Feno Rodolphe d'ajouter que la détermination est une valeur primordiale pour un travailleur social. "Certains cas sont plus durs à solutionner, car certaines personnes sont réfractaires au changement. Sans la détermination, on peut vite abandonner, mais quand on est déterminé, on est sûr d'obtenir de bons résultats".



Pour la patrie


Dur peut-être ce métier, mais Seheno et Rodolphe s'y attachent. Les deux travailleurs psycho-social exhortent même les jeunes malgaches à suivre leur pas. "Notre pays a encore besoin de beaucoup de travailleurs sociaux", argumente Seheno. "Nombreux sont actuellement les grandes écoles qui forment les jeunes à ce métier, continue Rodolphe, alors, j'encourage les jeunes à s'orienter vers ces filières. Pour ma part, le métier de travailleur psycho-social a révélé le meilleur de moi-même. Je ne regrette à aucun moment, mon choix".

Comments


Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

© 2022 par La Balise MG. Créé avec Wix.com

bottom of page