Le discours du président de la République Andry Rajoelina en date du 31 décembre 2022, était l'occasion, pour lui, d'évoquer les acquis dans le domaine de la santé, de l’ éducation, de l’énergie ou encore des infrastructures routières de l’année qui vient de s'écouler. Le locataire du palais d’Iavoloha a également abordé les perspectives pour cette année 2023. Une manière pour le président Andry Rajoelina de défendre son mandat.
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Le palais d'Iavoloha, qui en serait le prochain locataire ?
Président des jours dangereux
Tout le monde attendait impatiemment ce que le président Andry Rajoelina allait annoncer, samedi dernier. Le Chef de l'État a admis que l’année 2022 a été très difficile, mais l’a quand même qualifiée d' « année du travail et du progrès » à Madagascar. Bien évidemment, l'on dit souvent qu’en politique « rien ne se passe jamais comme prévu ». Selon Andry Rajoelina, toutes les difficultés auxquelles chaque ménage devait confronter quotidiennement étaient dues aux effets néfastes de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine. De ce fait, les travaux du Gouvernement n’ont pas encore pu porter ses fruits. Il exhorte ainsi tout un chacun à être patient. Même si les efforts accomplis ont permis d'atteindre certains objectifs fixés par le gouvernement, Andry Rajoelina dresse un bilan 2022 en demi-teinte. La population Malagasy, de plus en plus pauvre, reste vulnérable à la corruption, à l’inflation galopante, à l’insécurité… Le numéro un d’Iavoloha se veut être le président des jours heureux pour les Malagasy. Il a martelé à maintes reprises la "Présence de l'Etat" dans le quotidien des Malagasy. Malencontreusement, il se retrouve aujourd’hui le « président des jours dangereux » qui doit gérer la fin de l’abondance.
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Les électeurs devraient se rendre aux urnes cette année.
Le temps est l’ennemi du président
élections présidentielles. Pour l’heure, Andry Rajoelina préfère ne pas se prononcer directement quant à sa candidature à la course pour la magistrature suprême. Mais à travers ses vœux de nouvel an, il se projette déjà vers un second mandat. Au pouvoir depuis le mois de janvier 2019, le président Rajoelina estime qu’il lui faudra plus d’un mandat pour poursuivre ses objectifs de développement. "Le pays ne peut pas se développer en un an, deux ans ou trois ans, mais il faut vraiment de la persévérance et de la détermination. Cela nécessite des programmes à court terme et à long terme", a déclaré Andry Rajoelina. Des propos bien différents et opposés à ce qu’il a annoncé lors des propagandes de 2018 : « Ce que les dirigeants successifs n'ont pas fait en 60 ans, je le ferai en 5 ans. » Et une grande partie de la population semble impatiente. Le gouvernement TGV a eu du mal à surmonter plusieurs écueils et à relancer l’économie nationale. Rappelons que même le Chef de l’Etat en personne s’est fait huer à Analakely, le 22 décembre dernier. Pourtant, Andry Rajoelina a construit plusieurs grandes infrastructures : EPP manarapenitra, les routes nationales 44 et 5A, installation d’énergie solaire… Mais jusqu’à maintenant, tout cela n’a pas apporté grand-chose et indiffère la majorité de la populatiomalgache.he
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Le président Andry Rajoelina, fier de présenter les infrastructures routières réalisées en 2022.
Position d’équilibriste
L’année 2022 était une année à forte résonance internationale selon le président Andry Rajoelina. Il a, notamment, cité sa rencontre avec le président américain Joe Biden ; le président français, Emmanuel Macron ; le président tunisien ; le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres ; la Directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva ; le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass ; le directeur général du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI). Le président a aussi réitéré que Madagascar est de nouveau éligible pour bénéficier des financements du Millenium Challenge Corporation (MCC). En somme, pour le Président, ces rencontres de haut niveau déboucheraient sur des retombées économiques importantes. À cause de tout cela et selon ses termes « Madagascar signe son retour dans le concert des nations ». Force est toutefois de rappeler que les financements du MCC ont été suspendus pour cause du régime transitoire de 2009. En outre, il ne faut pas oublier que la diplomatie Malagasy a été au plus mal en 2022, notamment au mois d’octobre. Le ministre des affaires étrangères, Richard Randriamandrato, a été limogé le mardi 18 octobre pour avoir pris la décision de voter en faveur de la résolution condamnant « les annexions illégales de la Russie sur l’Ukraine » le 12 octobre à l’ONU. Depuis le début de cette guerre, Madagascar avait toujours choisi de s’abstenir de voter des résolutions contre la Russie, campant fermement sur une position de neutralité. Un mini-remaniement du gouvernement est, ainsi, attendu ce mois de janvier, ne serait-ce que pour pourvoir le poste de ministre des Affaires étrangères qui est vacant depuis deux mois et demi.
« Le peuple malgache mérite de vivre dans la paix et dans la stabilité »
Crise politique
Malgré les tensions politiques dans le pays, le président Andry Rajoelina a interpellé toutes les forces vives. Il a rappelé à l’ordre tous les responsables étatiques, élus et nommés, afin qu'ils assument leurs fonctions dans l’honorabilité et l’honnêteté. Dans la foulée, il s’est adressé à l’opposition et à ceux qui ne font que critiquer. " Nous continuons d’avancer même si certains tentent de nous tirer vers le bas ", mettait-il en garde. Selon le chef de l’Etat, il n’a jamais cessé de chercher la stabilité et que la marche vers ladite stabilité est enclenchée. « Le peuple malgache mérite de vivre dans la paix et dans la stabilité » a-t-il soutenu. Toutefois, force est d’évoquer que le régime TGV a subi plusieurs coups de tonnerre en politique, telle que la motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre, Christian Ntsay, déposée par plus des deux-tiers des députés le 07 décembre dernier. En outre, la course à la magistrature suprême offre déjà une brochette de candidats qui prépare méticuleusement les présidentielles de 2023.
Année électorale
Le grand rendez-vous de l’année politique 2023, ce sera bien sûr l'élection présidentielle. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) prévoit que cette élection aie lieu en octobre 2023 pour le premier tour tandis que le deuxième tour devrait se tenir vers la fin du mois de novembre ou le début du mois de décembre. Ce calendrier est pour l’instant, non-officiel, selon ladite commission, d'autant plus que, c’est au gouvernement de déterminer la date des élections présidentielles ainsi que les celles des autres élections à venir. Pour l’heure, le président Andry Rajoelina ne s’est pas encore affirmé sur sa candidature. Il devrait quitter le palais d’Iavoloha le 19 janvier 2024 si l'on se réfère à l’article 48 de la Constitution, qui précise en son avant-dernier alinéa que « le mandat présidentiel commence à partir du jour de la prestation de serment ». À moins que le numéro un du parti Orange décide de briguer un deuxième mandat. Dans ce cas, l’article 46 de la Constitution prévoit que « le président de la République en exercice qui se porte candidat aux élections présidentielles, démissionne de son poste 60 jours avant la date du scrutin présidentiel ». En d’autres termes, l’actuel locataire d’Iavoloha devrait rendre son tablier, le 19 septembre ou le 19 octobre 2023, au plus tard. Toutefois, bon nombre d’observateurs craignent que le président de la République repousse les élections, afin de rester un peu plus longtemps au pouvoir. "Le président de la République n'a pas évoqué la question d'élections lors de son allocution. Je crains déjà qu'il prévoie une prolongation de son mandat", s'inquiète Toavina Ralambomahay, conseiller municipal à la Commune Urbaine d'Antananarivo, dans une lettre s'adressant aux journalistes à l'occasion du nouvel an. En somme, cette année 2023, sera musclée politiquement et socialement.
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