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26 janvier 2009 - 26 janvier 2022 : Les « 13 » ans du "Lundi Noir"

Photo du rédacteur: Marigny ANDRIANTSOAVAMarigny ANDRIANTSOAVA

Les événements du 26 janvier 2009 ont marqué l’histoire de Madagascar. L’étau s’est resserré entre les deux belligérants politiques d’antan, qui étaient le Président de la République Marc Ravalomanana et le maire de la Commune Urbaine d’Antananarivo, Andry Rajoelina. Destructions de biens publics, pillage de magasins, perte de vie humaine ont été enregistrés. Un tel chaos n’a jamais été vu, ni à Antananarivo, ni dans les autres grandes villes.

Au commencement, l’affaire cocktail Molotov

Ce jour-là, sur la place de 13 mai, Andry Rajoelina a réuni ses partisans pour contester l’affaire de l’attaque au cocktail Molotov des locaux du ministère de l’Environnement. Trois étudiants ont été accusés d’avoir perpétré cette attaque. Ces derniers ont été entendus au tribunal d’Anosy qui était déjà sécurisé par les forces de l’ordre. Le verdict tombé, les inculpés ont été placés sous mandat de dépôt. Quelques minutes après, le Maire Rajoelina appelle la foule à venir à Anosy pour exiger la libération immédiate de ces trois étudiants. Quant à lui, il a pris la direction d’Andohatapenaka. Arrivé au niveau du CENAM Andavamamba, Andry Rajoelina demande la bénédiction de ses partisans de rentrer chez lui. De son côté, la foule qui s’est dirigée vers Anosy s’est confrontée aux forces de l’ordre. Malgré les sommations faites par cette dernière, la situation est devenue incontrôlable.



Destruction de la RNM, TVM et MBS

Sous la pression de la foule, les éléments de la sécurité nationale ont pris la fuite vers la cour de la Radio et de la Télévision Nationale Malagasy (RNM et TVM). À croire que la libération des étudiants était devenue le cadet des soucis des manifestants, car la Radio et la Télévision Nationale Malagasy étaient devenues leur principal objectif. En effet, Andry Rajoelina, lors de ses discours, n’a cessé de marteler que les chaînes nationales doivent être ouvertes aux autres partis politiques, mais pas seulement aux personnes qui font l’éloge de l’Etat.


Cependant, la prise de la RNM et de la TVM ne s’était pas déroulée comme dans la plupart des tentatives de coup d’Etat. Il n’y avait ni d’assaut ni d’antenne confisquée. Ce qu’il y avait, c’était du pillage et de l’incendie. Tout a été réduit à néant et en cendre. À quelques kilomètres de là, la station audiovisuelle MBS sise à Anosipatrana, appartenant au Président Ravalomanana, a été, elle aussi, saccagée et pillée. La stratégie était de priver le pouvoir de tout moyen de communication. Mais la journée était loin d’être terminée.




Madagascar broyait du noir

Les pillages ont continué dans l’après-midi du 26 janvier 2009. Après l’assaut de la MBS, les manifestants se sont dispersés un peu partout dans la capitale et ont pris pour cible les entreprises du président Ravalomanana à Antananarivo. En un clin d’œil, les différents sites de Magro (Behoririka, Ankorondrano et Tanjombato) ont été assaillis. Les pilleurs ne se sont pas arrêtés là. Ils se sont aussi attaqué à d’autres commerces, en particulier les centres commerciaux. Dans les autres régions de Madagascar, les Magro ont été la cible des manifestants. Par contre à Antsirabe, l’usine du groupe Tiko a été défendue par la population. Le chaos avait continué dans la nuit et jusqu’au petit matin. Le pillage s’est fait en toute tranquillité, sans que les forces de l’ordre interviennent. Le président Ravalomanana a déclaré, quelques jours plus tard, qu’il a donné l’ordre de ne pas intervenir afin d’éviter un bain de sang.


Un drame sans commémoration

Nul n'aurait pu imaginer la situation dans laquelle se trouve le pays ce jour : un pays mis à feu et à sang, plongé dans un profond marasme. Des vies humaines ont péri lors des pillages. Certains ont succombé sous le poids des sacs de riz tombés des étalages, tel était le cas dans quelques Magro. D’autres, coincés dans les magasins en flamme, ont succombé, brûlés dans les incendies. C’est ce qui s’est passé à Analakely…. Depuis l’année 2009, aucune cérémonie de commémoration n’a été organisée officiellement pour honorer les défunts. Et pourtant, le « Lundi Noir » fait partie de l’histoire de la Grande Île. Seul, le Président Ravalomanana a tenu à marquer cette date. Le 26 janvier 2016, la commémoration s’est faite dans les entrepôts du Magro Tanjombato. C’était la première fois, depuis son retour d'exil (fin 2014). « Il y a des personnes derrière ces pillages, mais je ne veux pas les dénoncer. Je considère cela comme le passé », a-t-il déclaré ce jour-là.




Feuille de route inachevée

Vitres brisées, marques d'incendies… Les traces des émeutes du 26 janvier 2009 sont encore visibles sur les sites Magro de la capitale, treize ans après. Pour le Groupe TIKO, les pillages du « Lundi Noir » ont engendré des pertes s’élevant jusqu’à 512 716 959 de dollars. En 2016, le Fonds Monétaire International (FMI) aurait déjà débloqué 40 millions de dollars pour renflouer le Fond National de Solidarité qui sert à indemniser les dommages économiques subis pendant la crise de 2009. Une partie de ce fond aurait été destinée à l’indemnisation de Tiko, mais le bras de fer entre l'ancien président et l’Etat se corse. Tiko doit d’abord régler ses arriérés fiscaux avant de pouvoir redémarrer ses activités. Ces arriérés fiscaux sont évalués à 168 432 057 517,11 Ar.


Les différents ministres des Finances et du Budget, que ce soit du régime Rajaonarimampianina ou bien celui de Rajoelina, restent intransigeants sur le paiement de ces arriérés fiscaux. D’un autre côté, Tiko n’est pas la seule victime du « Lundi Noir » qui demande réparation. L’association des victimes du 2009 compte 450 opérateurs économiques nationaux, dont la plupart sont des propriétaires de petites et moyennes entreprises. Le montant de leurs pertes était estimé à 39 milliards d’ariary, à l’époque. Bon nombre de ces victimes ne sont pas indemnisés jusqu’à maintenant. De ce fait, le processus de sortie de crise régie par la fameuse feuille de route reste inachevé. À l’instar de l’indemnisation des victimes de la crise, la réconciliation nationale laisse à désirer.




Lundi Noir : Révélations fracassantes

En 2011, le Colonel Charles Andrianasoavina, l’un des instigateurs du coup d’Etat, a révélé les dessous des événements tragiques de la crise 2009, notamment le "Lundi Noir" du 26 janvier et le carnage du 7 février, d’après le journal LINFO.RE paru le 21 janvier 2011. Il avait envoyé une lettre ouverte à Joachim Chissano, le médiateur mandaté par la SADC. Ces révélations ont mis dans l’embarras la Haute Autorité de Transition dirigée par Andry Rajoelina. Concernant le « Lundi Noir », voici ce qui filtrait des révélations du Colonel Charles Andrianasoavina. Dans la nuit du 19 janvier, une réunion préparatoire a été tenue en secret, afin d’organiser et d’orchestrer le chaos dans la capitale. L’objectif, selon l’officier, était de piller les grands magasins ainsi que les entreprises de l’ancien président de la République Marc Ravalomanana, mais également la chaîne nationale. Plusieurs membres du Conseil supérieur de la Transition (CST) auraient été présents sur les lieux, afin de mener les pillages.


Sur le carnage du 07 février, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina a avancé qu’une réunion préparatoire aurait eu lieu chez un haut dirigeant de la HAT et aurait vu la présence de plusieurs membres du CST et de hauts gradés de l’Armée, la veille du massacre. Il était dit que la « jambe sanguinolente » est l’une des stratégies qui font aboutir un coup d’Etat. Dans cette même lettre, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina a même révélé le montant du financement de la crise 2009 qui s’élevait à 12,2 milliards ariary. Il a affirmé que ce pactole a été avancé par des groupes de personnalités proches de la HAT, des opérateurs indo-pakistanais, trois opérateurs actuellement favorisés, ainsi qu’un membre du gouvernement. Ceux sont des révélations troublantes et inquiétantes sur la nature des hommes qui siègent actuellement à la tête du pays, toujours selon l’INFO.RE.


Treize années sont passées, mais il est encore impossible de tracer une perspective pour l'avenir de Madagascar, depuis la crise 2009.

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