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Concertation nationale Impérative pour le socle démocratique

Photo du rédacteur: Marigny ANDRIANTSOAVAMarigny ANDRIANTSOAVA

Malgré l’absence de conflit majeur et malgré la richesse en ressources diverses dont Madagascar dispose, le pays continue de sombrer dans la pauvreté depuis qu’elle a retrouvé son indépendance. Les crises politiques récurrentes ont eu un impact négatif sur le niveau de vie de la population. Ces alternances musclées qui se répètent presque tous les dix ans, sont dues à un dysfonctionnement des règles du jeu de la démocratie à Madagascar, constate Jean-Louis Rakotoamboa, président national du parti TEZA. Selon cet analyste politique, la stabilité politique constitue le préalable nécessaire au développement de Madagascar. Afin d’y parvenir, il réitère l'importance d’une concertation nationale de toutes les forces vives avant les échéances électorales.



Refondation


La Grande Île s’est progressivement dotée des éléments institutionnels indispensables au fonctionnement de la démocratie représentative, depuis les années 1990. Néanmoins, le processus reste défaillant, affirme Jean-Louis Rakotoamboa. Ce politicien n’hésite pas à qualifier la démocratie à Madagascar de « façade » et dénonce des contradictions dans nos lois en vigueur. « La constitution, le code électoral et les dispositions relatives aux élections, les lois sur les partis politiques et de son financement, le code de la communication et ses corollaires… ne respectent pas les règles du jeu de la démocratie. À titre d’illustration, l’ordonnance n° 60.082 du 13 août 1960, relatifs aux réunions publiques et aux manifestations sur la voie publique. Si un parti politique décide de descendre dans les rues, c’est notamment pour protester contre les gouvernants. Autrement dit, le parti politique demande l'autorisation aux tenants du pouvoir pour pouvoir renverser le pouvoir ! », caricaturiste. Évidemment, l'autorisation sera refusée si la réunion envisagée est susceptible de troubler l'ordre public, d’après les dirigeants.



Jean-Louis Rakotoamboa, président national du parti TEZA.


Collaboration des pouvoirs


La transparence, la participation et la collaboration sont les trois fondamentaux de la démocratie qui permettent d’évaluer et de progresser dans la qualité de gouvernance démocratique. Ainsi, pour que cette dernière soit effective, des étapes à franchir pour instaurer une vraie démocratie, telles que la concertation nationale est impérative, poursuit Jean-Louis Rakotoamboa. Pour rappel, on parle aujourd’hui de collaboration des pouvoirs dans la plupart des démocraties modernes. Il s’agit de collaborer en assurant une certaine forme de distribution de l’autorité.



Toutes les forces vives ont contribué à la concertation nationale pour la restitution des Îles Éparses du 12 décembre 2019 au CC Ivato (crédit photo : Diego Suarez)



Participation des forces vives


Pour le bon fonctionnement de la démocratie représentative, les partis politiques ont une place prépondérante au sein du développement d’un pays. Toutefois, ces forces vives ne remplissent que très peu leur rôle, observe le président du parti TEZA. « Je lance surtout un appel de devoir pour les partis opposants. Il faut que nous descendions à la base, que nous analysions les réels problèmes et que nous offrions les solutions. Nous avons le devoir de former une équipe prête à diriger le pays dès que les élections nous soient favorables » recommande-t-il. Cependant, ce n’est pas le cas des partis à Madagascar, regrette-t-il. « Les partis politiques à Madagascar sont des instruments dans les systèmes de patronage pour leur maintien au pouvoir. Les gouvernants actuels ne permettent pas une culture de participation. Si un parti décide de s’impliquer dans la vie politique, l’État réplique par le biais des forces de l’ordre ainsi que par la justice », rappelle-t-il. Cependant, la démocratie vise à reconnaître le pouvoir de tous les individus, de façon égalitaire. De plus, le multipartisme constitue un des fondements de la démocratie.




Arrestation des partisans du Miara Manonja le 20 février 2021 (Crédit photo: RMDM Diaspora France)



Élections : un vrai défi logistique


Quand on parle de campagnes électorales, tous les moyens sont permis. Et ceux qui ont de gros portefeuilles ont plus de chances de remporter les élections à Madagascar. Mis à part les produits dérivés à leur effigie (tee-shirts, casquettes et stylos) distribués en masse à la population, la logistique représente un grand défi pour les candidats. En effet, la Grande Île est d'une superficie de 587 000 km2 et nombreuses sont les zones enclavées dans les 119 districts. Jean-Louis Rakotoamboa révèle que selon le rapport de la Commission de l’Océan Indien (COI), le candidat du parti Hery Vaovaon’i Madagasikara (HVM) a mobilisé plus de 43 millions d’euros pour les élections présidentielles de 2018. Et pourtant, sa campagne a été plus ou moins humble. Comme quoi, les élections sont faites pour les riches ou bien pour des partis qui reçoivent des financements occultes émanant de pays étrangers, ou d’opérateurs économiques, déplore le président de TEZA.



Le candidat Hery Rajaonarimampianina durant les élections présidentielles de 2018 (Crédit photo : Liana Fandrosoana Rak)

Financement des partis politiques


Bien qu’aucune loi ne régisse spécialement le financement des partis politiques à Madagascar, quelques dispositions légales en vigueur relatives à la matière électorale méritent d’être relevées. L’analyste politique se demande si la démocratie est réellement à appliquer à Madagascar sur ce sujet. « Tout candidat ambitieux doit donc se constituer un trésor de campagne. Par conséquent, ceux qui n’ont pas de moyens financiers ne peuvent pas diriger le pays » constate-t-il. À titre de rappel, la loi électorale ne fixe aucun plafond concernant l’argent des campagnes électorales. Même le financement étranger (sauf par un État) est permis. En revanche, la Commission de contrôle du financement de la vie politique servira de balise pour lutter contre les dérives. En résumé, les élections sont une course à l'argent qui n'a pas de limites. Le président du TEZA estime qu’il faut trouver une solution durable pour financer les partis politiques afin que ceux-ci jouissent concrètement de l'égalité de chances. C’est une manière de réguler le foisonnement et le discrédit des partis politiques. C'est également un moyen d'assainir la vie politique, pense-t-il.




Les membres de Commission de contrôle du financement de la vie politique en visite à l’ Assemblée Nationale le 12 juillet 2020 (crédit photo : Assemblée Nationale)


Réformes

Le parti TEZA fait partie du mouvement de l’opposition du Rodoben’ ny mpanohitra eto Madagasikara (RMDM). Le parti déplore tous les manquements du régime. Ainsi, « effectuer la réforme du cadre légal électoral devrait être la priorité de l’État pour pouvoir organiser une élection libre, exclusive et acceptée par tous ». Tels étaient les dires du leader du mouvement, Marc Ravalomanana. Le TEZA martèle que le pouvoir actuel empêche les partis de l’opposition de prendre ses responsabilités comme la loi exige. Concernant les élections présidentielles de 2023, surtout si l’opposition a un candidat de consensus, Jean Louis Rakotoamboa soutient que la concertation nationale est la priorité, afin d’établir les règles du jeu pour que la future élection se passe dans les meilleures conditions. Rappelons que le RMDM invite les forces vives, la société civile, et le peuple à soutenir leur mouvement, au Magro Behoririka, ce samedi 23 juillet.



Crédit photo: RMDM Ofisialy

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