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Bilan lourd. Le cyclone Ana entre dans les annales de l’histoire de Madagascar. Malgré sa vitesse moyenne de 75 km/h avec des rafales de 105 km/h, qui selon les experts, n’est pas réellement dévastatrice en puissance, la tempête a gravement touché la Grande Île. Elle a fait 34 victimes, 62 112 sinistrés répartis dans 7 régions, 35 262 personnes déplacées réparties sur 63 sites d’hébergement pour le Grand Tanà - qui reste l’épicentre des dégâts - et 6 809 cases d’habitation inondées, selon le dernier bilan provisoire publié par le Bureau national de la gestion des risques et des catastrophes (BNGRC). L’on redoute encore que ce bilan s’alourdit.
Morts et destructions
Selon l’Autorité pour la Protection contre les Inondations de la Plaine d'Antananarivo (APIPA), à la suite des fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale, la vigilance rouge (danger imminent) est maintenue pour les localités traversées par les rivières Ikopa, Sisaony et Imamba. Dans la soirée de ce lundi, le directeur général du BNGRC, Elack Olivier, a annoncé sur la chaîne nationale un risque d'éboulement sur les quartiers de la Haute Ville. Il invite les populations de cette partie de la ville à se mettre à l’abri. Ana, qui était accompagnée de pluies diluviennes, a détruit de nombreuses habitations et cultures. De vastes étendues de terre ont été inondées, des routes ont été détruites et les communications perturbées. Des dommages matériels ont été constatés.
À Moramanga, les inondations ont mis à mal la résistance d'un pont traversant la RN2. De ce fait, la route a été coupée ainsi que la ligne de chemin de fer. A Ankadifotsy Ambodivona, un parking rempli de voitures s’est effondré sur des habitations. Cinq enfants et deux adultes ont péri dans ce drame, selon les sapeurs-pompiers. Le cyclone Ana fera partie des cyclones qui sont restés gravés dans les mémoires tels que Géralda, Kamisy, Eliane, Gafilo, … Il faudra remonter en 1959 pour constater la même étendue des inondations subies par la capitale. Les photographies aériennes montrent de nombreuses maisons presque submergées.
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L’Etat se veut réactif
Pour l’instant, l’Etat opte pour la réactivité. Être au chevet de son prochain, telle est la ligne directrice du gouvernement actuel. Le Président de la République a effectué ce 22 janvier une visite au Stade Barea et y a tenu une réunion avec les différents responsables étatiques. Il a ainsi été décidé que le sous-gradin sera aménagé pour accueillir les sinistrés. Pour l’occasion, le chef de l’Etat a même rebaptisé le stade en « Kianjan’ny famonjena » (terrain du sauvetage/du refuge). Il a annoncé la distribution d’aide "Tosika Fameno" et "Vatsy Tsinjo" aux ménages sinistrés, cette semaine.
Les proches du pouvoir ont également tenu à faire autant que le président de la République. Des images de Jocelyne Maxime députée de Madagascar et vice-présidente de l’Assemblée Nationale, élue à Antsiranana I, en train de conduire un quad, pour voir de visu les dégâts causés par la tempête Ana, ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. On la voit transporter des gens qui n’ont pas pu traverser les routes inondées dans la région d’Antsiranana. Le député du district d’Atsimondrano, Andry Ratsivahiny, profite, quant à lui, de l’option « vidéo en direct » des réseaux sociaux, afin que tout le monde puisse découvrir ses actions sociales. Bref, les partisans du parti orange se sont tous mis à aider les sinistrés.
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Solutions d’urgence et durables
En outre, l’Exécutif, dirigé par le Premier Ministre Ntsay Christian, s’est chargé des solutions pour les gros œuvres des dommages matériels. Le Premier Ministre, Christian Ntsay, et le Ministre des Travaux Publics, Jerry Hatrefindrazana, ont effectué une descente sur la RN2 dans la matinée de ce lundi, en vue de constater les dégâts occasionnés par les intempéries sur cette route nationale. À Moramanga, au PK 108 + 600, une déviation est en cours d'aménagement afin d'assurer la reprise de la circulation, en attendant l'installation du Pont Bailey, indique-t-on. Le Ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Andry Ramaroson, affirme que l’approvisionnement en eau potable dans la ville de Moramanga devrait revenir à la normale dès ce mardi. Même si la RN2 est coupée et impraticable, le MEH assure qu’Antananarivo dispose de 15 jours de stocks de carburants.
De son côté, le Ministère de l'Environnement et du développement durable n’a pas manqué de rappeler que l'inondation ainsi que les éboulements pourraient être évités si nous préservons nos forêts. Ceux sont eux qui retiennent l'eau et protègent le sol, explique la Ministère à travers une publication sur sa page Facebook. Elle précise, par ailleurs, que Madagascar fait face actuellement à des impacts de la déforestation massive et du remblayage des zones basses. Selon une source auprès de la Primature, une réunion d’urgence a été organisée afin de trouver des solutions à court et à long terme.
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Ce n’est que le commencement…
Bon nombre d’observateurs craignent une relance économique difficile pour Madagascar face à cette catastrophe naturelle, qui aggravera la situation déjà compliquée par le Covid-19. Le cyclone Ana est, pourtant, le premier des cyclones qui pourraient toucher Madagascar. Rappelons que la saison cyclonique de cette partie de l’Océan Indien ne se termine que vers la fin du mois d’Avril. Les séquelles de cette première vont encore se sentir pendant quelques temps, à cause des routes nationales coupées. Selon les prévisions, deux autres tempêtes tropicales, en l'occurrence, Batsirai et Cliff pourraient passer à Madagascar en cette saison 2021-2022. Un plan de relance économique véritable est, ainsi, primordial. En attendant, une bonne partie de la population se trouvant dans les zones les plus touchées par Ana restera dans une situation très précaire, tant sur le plan économique que social. La nouvelle année commence mal pour le Gouvernement TGV qui entame sa dernière année présidentielle.
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